En 2025, au cœur des défis environnementaux et économiques du Liban, les collecteurs de déchets syriens constituent un maillon essentiel de l’économie circulaire. Leur travail, souvent invisible, transforme des matériaux récupérés en ressources précieuses, soutenant à la fois des familles vulnérables et un modèle durable face à une gestion des déchets complexe et insuffisante.
Ces acteurs, regroupés autour des bourat – des terrains informels dédiés au tri des matériaux recyclables – jouent un rôle de premier plan dans la valorisation des déchets. Les habitants de Beyrouth, majoritairement peu sensibilisés au tri à la source, laissent aux Syriens recycleurs la charge de collecter, trier et préparer les déchets pour leur réinsertion dans le circuit économique.
Une économie circulaire soutenue par les collecteurs syriens : défi et résilience
Leurs journées débutent à l’aube, dans des conditions difficiles. Hamid, un jeune Syrien, transporte des dizaines de kilos de plastique, carton et aluminium, extrayant à la main ce qui pourrait autrement polluer durablement la ville. Pour un salaire modeste, ces collecteurs assurent une collecte responsable qui limite l’usage de décharges saturées comme Costa Brava ou Jdeideh. Cependant, leur travail reste précaire, sans protection sociale malgré des risques graves, dont des accidents fatals survenus récemment.
Ce rôle est amplifié par des initiatives comme Des recycleuses syriennes aident à résoudre la crise des déchets au Liban ou l’économie circulaire dans la gestion durable des déchets, qui soulignent l’importance sociale et écologique de ces collectes solidaires.

Des marchés locaux et internationaux pour des déchets valorisés
Les matériaux récupérés ne restent pas confinés au marché local. Après un tri minutieux, les métaux sont exportés principalement vers la Turquie, tandis que plastiques et cartons alimentent des filières industrielles nationales et internationales. La famille Chaaban, spécialisée dans le commerce de plastique, symbolise cette chaîne vertueuse où chaque tonne valorisée participe à un pont écologique entre territoires et acteurs économiques.
Malgré les pressions économiques – notamment la chute des prix des matériaux recyclables et la hausse du coût du transport – la détermination demeure. L’association Live Love Recycle illustre ce combat en mettant en place un service de collecte responsable auprès des collectivités, redonnant espoir à un secteur vital.
Fragilités structurelles et perspectives d’avenir pour les Syriens recycleurs
Les défis ne manquent pas. L’absence d’une politique gouvernementale dynamique pousse à une dépendance aux entrepreneurs privés et à des pratiques peu encadrées. La fermeture de centres de traitement et la destruction d’infrastructures clés, comme lors de l’explosion du port de Beyrouth, compliquent encore la valorisation optimale des déchets.
Dans ce contexte, les collecteurs syriens souffrent d’exploitations, de violences et d’un cadre légal flou. Certains retournent en Syrie, témoignant d’une double crise socio-économique et humanitaire. Pourtant, la force collective entre ces travailleurs, soutenue par des ONG et des initiatives citoyennes, donne vie à un cycle syro-libanais stabilisateur et pérenne.
Initiatives innovantes pour une collecte solidaire et un avenir vert
Des projets engagés comme Avenir Vert Liban ou la plateforme Collecte Solidaire cherchent à transformer l’existant. Ils allient sensibilisation, valorisation et intégration sociale, renforçant le tissu économique tout en bâtissant des ponts écologiques robustes entre populations libanaises et réfugiées.
Ces efforts traduisent l’importance de reconnaître officiellement les Syriens recycleurs comme des acteurs clés d’une économie circulaire ambitieuse et nécessaire, ô combien vitale pour l’équilibre environnemental et humain du Liban.












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